Le niveau cryotubé et les céllules de cryotubation

Le niveau 2 est marqué par des poches ôcres riches en fragments de calcaire de toutes dimensions. Le matériau de couleur rouge est composé de graviers (silex, calcaire), de grains (quartz, feldspaths) et d’argile probablement issue de décarbonatation du calcaire. La coloration de l’argile par des oxydes de fer confère une couleur rouge brique à l’ensemble. L’obliquité des blocs témoigne d’un déplacement lié à des mouvements de convection.

Des structures semblables sont aujourd’hui observables en Alaska, Canada, Groenland, Sibérie, Spitzberg… et marquent le climat périglaciaire. En régime périglaciaire, sol et sous-sol restent gelés en profondeur pendant toute l’année (pergélisol). Dans le partie superficielle alternativement gelée et dégelée (mollisol ou couche active), un fragment peut être déplacé et migrer vers la surface. Lors du gel, le volume de l’eau augmente (+ 9 %), entraînant une dilatation produisant une force « interne » qui déplace matière argileuse et fragments. Ces mouvements constituent la cryoturbation et s’effectuent dans un volume en forme de poche ; ce dernier est appelé cellule de cryoturbation. Les cellules du Buisson Sabotier, fruits du cycle gel-dégel, témoignent d’un environnement périglaciaire, probablement celui de la dernière glaciation.

Les fragments contenus dans une cellule sont de diverses tailles : gros blocs de calcaire silicifié, petits fragments de meulière cryoclastée. Les blocs calcaires silicifiés sont fracturés ; cela est probablement un héritage de l’action des très basses températures du climat périglaciaire, en période glaciaire.

Diverses concentrations horizontales de fragments calcaires à emballage argilo-graveleux sont également observables au-dessus des cellules de cryoturbation. Elles pourraient correspondre à d’anciennes coulées boueuses. En conditions périglaciaires, au printemps, le dégel ou la fonte des neiges produisent en quantité de l’eau qui sature la tranche superficielle du terrain et la rend très plastique. Dans une pente, celle-ci glisse par gravité sur le sol gelé (gélifluxion) ou non (solifluxion) de quelques décimètres à quelques mètres par an sur une largeur variable.