Blois, l'eau et la pierre


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La ville ancienne était alimentée en eau par ses puits et ses fontaines. Ces dernières s’inscrivaient dans un système structuré dont une partie est conservée. L’organisation de ce système entièrement souterrain fut déterminée par la géologie locale. Dans les constructions, si la roche « calcaire de Beauce » a fourni l’essentiel de la pierre blésoise, d’autres roches furent également utilisées.

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Géodiversité


 Le système du "Gouffre"

Les textes les plus anciens mentionnant son existence sont de 1270-1280 ; sa construction est donc au moins médiévale. Assez élaboré, il est composé de trois parties : un dispositif souterrain de collecte de l’eau, un réservoir et des canalisations alimentant les fontaines.


  Le dispositif collecteur


L’eau de la nappe phréatique de Beauce (nappe du calcaire de Beauce), collectée en divers points, passe dans des galeries souterraines taillées dans le roc ; quelques portions sont maçonnées. La galerie principale, de plus de 500 m de long conduit l’eau jusqu’au réservoir, nommé le Gouffre. Ce système est complètement indépendant de l’Arrou, ruisseau aujourd’hui entièrement canalisé.
A l’origine, les galeries correspondaient très probablement à des fissures et des cavités karstiques du Calcaire de Beauce agrandies postérieurement par une taille manuelle. Les failles affectant la couverture sédimentaire dans cette partie du Blésois expliquent la fracturation de la roche ayant facilité ensuite la karstification.

Galerie principale, au niveau de la rue Bretonnerie. Cette partie de la galerie principale présente une cavité importante permettant de penser que la structure initiale est d’origine karstique.

  Le Gouffre, réservoir


le Gouffre, salle amont. Une échelle permet de suivre les changements de niveau de l’eau dans la salle aval. Divers aménagements ont modifié son aspect premier : passages voûtés, escaliers, petite construction avec toit en pierres de taille (calcaire de Beauce, bien évidemment !) ; il est probable que la pierre provenait de la carrière autrefois établie juste au-dessus, rue Bretonnerie.

Bassin récepteur des eaux collectées et bassin de mise en charge des eaux distribuées, cette partie du système est assez originale. Creusé dans le rocher, ce réservoir d’eau de plus de 300 m3 fut probablement à l’origine une cavité karstique du Calcaire de Beauce. Divers agrandissements, constructions et aménagements, occultent aujourd’hui la configuration initiale.


  Les fontaines


Fontaine Saint-Jacques. Seule fontaine de Blois toujours alimentée par l’eau du Gouffre avec un débit peu important mais régulier. Les pierres sont en calcaire de Beauce.

Fontaine Louis XII, appelée Grandes fontaines jusqu’en 1823. La base est en pierre de Saint-Gervais-la-Forêt (calcaire lacustre de Beauce), la partie supérieure, à l’origine en pierre de Bourré (tuffeau), a été restaurée avec la pierre de Tercé (Vienne - calcaire marin du Bathonien / Jurassique moyen / - 167 millions d’années).

En aval du réservoir, une galerie, véritable aqueduc, conduit l’eau vers les fontaines ; des canalisations en plomb jusqu’au début du XVIeS, puis en argile, desservent ensuite les fontaines.
La Fontaine Saint-Jacques demeure la seule à être encore alimentée par le Gouffre ; les autres canalisations ont été détruites par les travaux de reconstruction des quartiers proches de la Loire après le bombardement de 1940 et les travaux de pose d’égout.
Aujourd’hui, subsistent quelques fontaines. Les fontaines Louis XII et des élus sont encore à leur emplacement d’origine ; les fontaines de l’Hôtel de ville et Corbigny ont été déplacées.


Deux fontaines très semblables, construites au XVIeS en calcaire de Beauce. A : Fontaine de l’Hôtel de ville (ancienne mairie détruite lors du bombardement de juin 1940). La fontaine a été réinstallée en 2005 rue Denis Papin. B : Fontaine des élus.

  Le système de Saint-Laumer


Dans la craie blanche à silex (Sénonien). Une fine couche de cristaux de calcite flotte à la surface. Ce caractère ne s’observe qu’à la surface d’eaux venant du calcaire de Beauce.

Les moines de Saint-Laumer créèrent probablement ce système pour amener l’eau dans l’abbaye et à la fontaine du cloître. La galerie souterraine, comme celle du système du Gouffre, présente des cavités à caractère karstique. Il est permis de supposer que le conduit initial a été agrandi et entretenu au cours des siècles.
L’exploration récente par le Spéléo-club de Blois a montré qu’une bonne partie de la galerie est située dans la Craie blanche à silex et quelle se termine en amont dans le Calcaire de Beauce dans deux conduits, l’un fermé par un éboulement, l’autre présentant un siphon étroit interdisant la progression. Plusieurs puits, creusés à partir de la surface, y aboutissent et permettaient les prélèvements d’eau. A la différence du dispositif du Gouffre, aucun réservoir naturel ou aménagé n’est connu.
L’eau provient de la nappe phréatique de Beauce naissante sur le flanc de l’anticlinal d’Herbault et coule ici sur l’Argile à silex.


Situation de la galerie.

 Le blanc et le gris : la pierre duale

Château royal, aile François 1er, façade nord. Le gris du calcaire de Beauce (pierre de la Chaussée-Saint-Victor, pierre de Pontlevoy) et le blanc du tuffeau (pierre de Bourré et pierre de Villentrois).


Dans le bâti ancien, la pierre de la ville est calcaire. A l’image du château royal), deux roches calcaires dominent : le calcaire lacustre de Beauce, dur et peu gélif, dans les soubassements et les premières assises, le tuffeau blanc, tendre et gélif, facile à tailler, dans les élévations. Cette distribution est facilement observable en de nombreux lieux : château, cathédrale, hôtels particuliers, maisons… et contribue à l’identité architecturale de la ville.
Les constructions les plus anciennes furent édifiées avec la pierre de Blois, provenant directement du coteau, et de plusieurs carrières dans la ville (Bretonnerie, les Granges…). Ces dernières, occultées par l’urbanisation, ne sont plus visibles. Aujourd’hui, la roche affleurante n’est visible qu’en quelques rares points de la ville.
Jusqu’au XVIIIeS, les pierres de construction sont issues des localités voisines ou de la région proche. Le tuffeau blanc, pierre de la vallée du Cher, fut transporté jusqu’à Blois par voie fluviale. Les constructeurs de certains édifices nobles, civils ou religieux, ont fait appel à des pierres plus lointaines comme la pierre d’Apremont (Cher- val d’Allier).
Le port de Grève ou du Foix, en rive droite de la Loire au Sud de Saint-Laumer, fut très tôt le port privilégié pour le déchargement des pierres transportées par les voituriers d’eau. En 1528, le port « Vieille », en aval du pont médiéval est aménagé, puis sont construits le port Saint-Jean au XVIIeS et un peu plus tard, le port « Neuf » en amont du pont.



 Une construction singulière : la basilique de la trinité (XXeS)



Considérée comme un édifice majeur de l’art religieux sacré de l’entre-deux guerres, la basilique est entièrement construite en béton armé. Les granulats de la Loire voisine ont été exclusivement employés. Sable, gravillons et cailloux de Loire furent dragués à proximité dans le lit du fleuve et transportés en téléphérique jusqu’au chantier. L’esthétique et les colorations des revêtements doivent beaucoup à La diversité du calibre des granulats et aux différents dosages sables/gravillons. Fragments de roches du Massif central, silex, quartz… sont facilement reconnaissables dans cet épiderme décoratif.

Statue-colonne du porche : sables.
Colonne du choeur : granulat poli.

  Une pierre allochtone



Encadrement du portail.


Une belle pierre ornementale met le portail en valeur. La même pierre a été employée, à l’intérieur, dans certains autels et certains dallages, notamment dans la crypte. C’est la seule roche massive utilisée dans ce monument. Bourguignonne, et plus connue sous l’appellation « Comblanchien », elle est encore exploitée dans la région de Nuits-Saint-Georges. La roche initiale est un calcaire marin du Bathonien supérieur (- 160 millions d’années / Jurassique moyen). Le poli fait ressortir le grain fin et les nombreux tests ou coquilles (Coraux, Mollusques…) ainsi que des lignes dentées (stylolithes) correspondant à des figures de dissolution du calcaire sous l’effet d’une pression.



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