Interêt du site
Comprendre l’origine de la Cisse et de la Sixtre, en Petite Beauce. Apprécier les caractéristiques de la géomorphologie de la Petite Beauce. Le paysage de la Beauce est singulier : horizontal sans être vraiment plat, discrètement sillonné par diverses vallées, sèches ou mouillées, aux versants largement étalés. C’est le pays du karst, celui des calcaires de Beauce, avec des pertes et des résurgences ; l’eau y est essentiellement souterraine. La fertilité de la plaine est due au mince recouvrement des calcaires par le Limon des plateaux ; sans lui la Petite Beauce serait un causse.
Les ruissellements du bombement anticlinal de Marchenoir, sur lequel est située la forêt du même nom, sont collectés à l’Ouest et au Sud par divers petits ruisseaux. Certains confluent pour former la Sixtre dont les eaux se perdent à la Madeleine-Villefrouin ; d’autres se perdent dans la roche en divers points : le Muid de la Borde près de Villemuzard (commune de Lorges), près du Tertre (commune de Saint-Léonard-en-Beauce) en amont de la Vallée Gassante (cf. fig. 4)…
Deux résurgences principales sont respectivement à l’origine des cours pérennes de la Cisse et de la Sixtre (cf. fig. 4) : aux Caves, près du Bois Brûlé, en limite sud de la commune de Boisseau, et à l’est du Marais de Maves (commune de Maves). La confluence Cisse-Sixtre s’effectue dans le Marais de Parture.
Le débit des sources et rivières, ainsi que le niveau de l’eau dans les marais, sont étroitement dépendants des variations du niveau supérieur de l’eau de la nappe de Beauce ; ce dernier étant directement lié au volume des pluies.
Ces vallées et ces marais, oasis dans "l’océan des blés", corridors des « Trames verte et bleue », concourent de manière fondamentale à la biodiversité de cette partie du Loir-et-Cher.
Les vallées aujourd’hui sèches - Vallée Gassante, Vallée Cassante, les Vallées, petites vallées des Hôpitaux et de l’Image, vallée de Roquezon, Vallée de la Blanchonnière et Vallée de La Selle (ces dernières étant deux parties
de la vallée de la Sixtre) - témoignent de l’existence de ruisseaux alimentés par une nappe d’un niveau supérieur plus élevé pendant les interstades frais et humides de la dernière glaciation. Elles sont aussi marquées par un fond colluvionné résultant de la gélifluxion pendant les épisodes plus froids. Ces fonds, riches en argile, sont aujourd’hui cultivés.
Les directions des vallées révèlent les deux principaux axes des cavités du réseau karstique et des circulations souterraines : axe Montigny-Vallée Gassante-Les Vallées, avec la résurgence des Caves, source principale de la Cisse ; axe Bourrichard-Pontijou avec la résurgence du Marais de Maves, source principale de la Sixtre.
Ces axes ont la même direction (NE-SW) qu’une famille de failles du socle profond du Bassin parisien ; ces failles ont affecté par des rejeux récents les terrains sédimentaires sus-jacents et notamment les calcaires de Beauce après leur dépôt. Fragilisés et cassés depuis longtemps, les calcaires ont facilement été dissous par les eaux météoriques chargées en dioxyde de carbone ; des réseaux karstiques* orientés NE-SW en ont résulté. Pendant la dernière glaciation, ces réseaux karstiques ont facilité la création initiale des vallées, et les cours souterrains de la Cisse et de la Sixtre dans les calcaires de Beauce. Comme cela est le cas pour le Boulon (cf. p. 68), les failles ont contraint l’écoulement des eaux. C’est un autre bel exemple de contrainte ou de guidage tectonique* déterminant la création de vallées récentes.
Vallée Gassante : situations topographique et géologique.
à la sortie nord de Pontijou, prendre la D110 en direction de Marchenoir (belle vue sur la vallée sèche dans sa partie les Vallées, puis au carrefour de Sermaise, la route vers Villeneuve-Frouville.
Même si le creusement se poursuit aujourd’hui, l’érosion étant toujours active, l’incision principale s’est faite pendant la dernière glaciation.
Les colluvions occupant le fond des thalwegs sont constituées de divers éléments issus du Limon des plateaux et de l’altération des calcaires (particules fines de nature sableuse ou argilo-marneuse et cailloux calcaires).
Un réseau karstique souterrain draine les eaux pluviales de la Vallée Gassante. La source de la Cisse, située au lieu-dit Les Caves en est une résurgence. Ce réseau peut être saturé en cas de pluies importantes, l’eau coule occasionnellement dans la vallée sèche devenue momentanément active.
L’éperon de Roquezon, délimité vers le Sud et l’Ouest par le coude de la vallée sèche, est une mosaïque de milieux calcicoles. Le site renferme plusieurs espèces de plantes protégées : 5 espèces d’orchidées, l’Anémone pulsatile (Pulsatilla vulgaris), l’Euphraise de Jaubert (Odontites jaubertianus), l’Adonis d’été (Adonis aetivalis). Avec l’avifaune, la petite faune de plaine et des insectes thermophiles (par exemple, le Dectique verrucivore-Decticus verrucivorus aussi appelé Sauterelle à sabre), ils constituent des enjeux spécifiques de conservation.
Classements : une partie du site est inclue dans les zones Natura 2000 « Vallée de la Cisse en amont de Saint-Lubin » et inscrite au Schéma des espaces naturels sensibles du département (ENS). Cet espace est géré par le Conservatoire des espaces naturels du Loir-et-Cher.
L’Anémone pulsatile (Pulsatilla vulgaris)
L'adonis d'été (Adonis aestivalis)