Interêt du site
L’argile à silex est un résidu laissé après l’altération d’une roche calcaire, craie ou tuffeau. L’altération a débuté il y a près de cinquante millions d’années et se poursuit encore de nos jours. Le site, modeste point d’extraction de silex sous les frondaisons de la forêt domaniale de Blois, montre bien les caractéristiques de la roche et de la formation géologique correspondante.
La roche est composite : argile blanchâtre à gris verdâtre, nombreux silex peu remaniés. Certains silex sont assez gros et de forme complexe, d’autres sont des fossiles d’éponges. La coloration rouille est liée aux oxydes ferriques provenant de l’altération de la surface. La roche constitue la formation géologique appelée Argile à silex. Quelques passées relictuelles de craie témoignent de son origine. L’Argile à silex est une formation résiduelle issue de la dissolution chimique du calcaire (décarbonatation), composant majeur de la Craie à silex sous-jacente. Les silex, non altérés, ont été concentrés ; ce qui explique leur abondance. Les éponges silicifiées (« silexisées ») vivaient dans la mer de la Craie au Sénonien.
La roche : un mélange d’argile et de silex.
Siphonia pyriformis, une éponge silicifiée fossile en forme de poire. Canaux internes et oscule sont bien visibles.
Un fossile énigmatique. La structure incluse dans le silex pourrait être un terrier ou une éponge ramifiée, le corps de l’éponge ayant alors servi de centre de silification. Quel que soit le type de fossile, l’être vivant à son origine vivait dans la mer de la Craie au Sénonien. La suite est une longue histoire : silicification, altération de la craie…
Résidu de décarbonatation, l’Argile à silex a une épaisseur irrégulière (quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres) et pénètre en poches dans la craie. Ces particularités s’expliquent par son origine.
Vers - 70 millions d’années (fin du Crétacé), l’exondation a conduit à la continentalisation de la France. Depuis, l’érosion, désagrégation physique et altération chimique des roches, est active ; elle fut très active au début de l’ère Tertiaire, pendant près de 30 millions d’années, au Paléocène et à l’éocène, périodes plus chaudes et plus humides qu’aujourd’hui. Il n’est pas facile aujourd’hui d’appréhender les importants volumes de craie disparus par dissolution ainsi que les remaniements postérieurs du résidu.
L’ensemble Argile à silex - « éocène détritique » architecturant le sous-sol de la forêt de Blois est recouvert sur le « plat » et dans les pentes par une mince pellicule : Limon des plateaux + Sables de Montreuil post-langhiens sous-jacents, ou colluvions argilosableuses. Ces dernières, de teinte roussâtre, affleurent en certains points sous la litière dans la partie haute de la carrière.
Le Limon des plateaux, formation superficielle, est ici composé d’une part allochtone : le loess et d’une part autochtone issue des roches sous-jacentes. Transport et dépôt du loess se sont réalisés pendant les phases froides et sèches du dernier Pléniglaciaire (maximum glaciaire), entre - 18 000 et - 20 000 ans. Après son dépôt, le Limon des plateaux a alimenté les colluvions argilo-sableuses des pentes, colluvions qui masquent diverses roches sous-jacentes : argile à silex, sables-argiles-graviers-conglomérats siliceux composant l’« éocène détritique » et sables siliceux composant l’« Eocène détritique » et sables postlanghiens continentaux (Sables de Montreuil).
