Blois, site géologique de la ville


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Blois, balcon sur la Loire et ville fluviale entre Beauce et Sologne ; telle est l’image retenue par beaucoup. Et pourtant, la disposition de la « vieille ville en amphithéâtre capricieusement répandue sur les saillies d’un plan incliné… » (Victor Hugo, 1864) est liée à l’existence d’une petite vallée aujourd’hui occultée par l’urbanisation, la vallée de l’Arrou. Celle ci s’est formée à la frontière Argile à silex - Calcaire de Beauce, après une histoire géologique déterminante qui a duré près de 60 millions d’années.

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Géodiversité


 Une vallée dans la ville

La ville de Blois est centrée sur la confluence de l’Arrou, modeste ruisseau, aujourd’hui presque complètement voûté ou busé, avec le fleuve Loire. Cette confluence délimite un promontoire sur lequel est situé le château.
Cette géomorphologie originale a sans doute été déterminante dans l’occupation première du site :
- une plaine alluviale de grand fleuve à l’abri d’un coteau,
- une petite vallée, échancrure dans le coteau de calcaire de Beauce,facilitant l’accès au plateau,
- un éperon offrant un point de vue sur le val et un possible refuge.
Cette occupation première a pu avoir lieu dès le Néolithique.

D’autres échancrures existent dans le versant nord du val de Loire "blaisois". Au Nord-Est : Montprofond à la Chaussée-Saint-Victor et Ménars plus en amont. Au Sud-Ouest : vallées du Saut des Moines et des Moriers, et plus en aval : vallée de l’Hôtel Pasquier, Val des Cigognes. Aucun de ces lieux n’a la configuration de la vallée de l’Arrou.

Le fleuve et le ruisseau, une géomorphologie particulière.

La vallée de l’Arrou vue de Blois-Vienne. L’axe de la vallée est repérable par le clocher de l’église Saint-Vincent, au centre. Le château et la Maison de la magie marquent l’extrémité est du promontoire et le versant ouest de la vallée de l’Arrou. Les maisons à gauche de la cathédrale sont situées sur le versant est de la vallée. La cathédrale marque le début du plateau beauceron.

En rive droite de la Loire, la ville basse est posée sur les alluvions récentes du lit majeur entre fleuve et coteau (altitude moyenne : 70 m). La ville haute est ancrée dans les coteaux, en calcaire de Beauce1, de la Loire et de l’Arrou ou posée sur le plateau de la Petite Beauce (100 à 110 m) constitué par la même roche.En rive gauche de la Loire, les premières installations dans le val, notamment celle du quartier de Vienne, ont été établies sur des « mottes » ou « montilles ». Celle de la Motte correspond aux alluvions anciennes d’une basse terrasse, hors d’atteinte des grandes crues quand les levées n’existaient pas. L’eau s’étalait alors facilement dans l’ensemble du lit majeur et les débordements devaient avoir des impacts limités sur les zones habitées.
A l’Ouest, la forêt de Blois culmine à 143 m, portée en hauteur par le modeste anticlinal d’Herbault principalement revêtu par l’Argile à silex, si l’on néglige la mince couverture de Limon des plateaux. L’Argile à silex est un produit d’altération de la Craie à silex sous-jacente. Cette formation, appelée localement Craie de Blois, affleure en rive droite de la vallée de la Loire à la faveur du bombement anticlinal.
Depuis environ 1 million d’années, la Loire a incisé le Calcaire de Beauce sur près de 30 m et l’anticlinal d’Herbault sur près de 50 m. L’existence du bombement explique pourquoi, les versants de la vallée de la Loire blésoise sont légèrement plus élévés que les versants plus en amont ou plus en aval.
La vallée de l’Arrou et la petite vallée sèche affluente empruntée par la rue de la Mare furent probablement façonnées lors de la dernière glaciation, au Pléistocène. L’initiation de la vallée de l’Arrou a pu être facilitée par l’existence des petites failles affectant la couverture sédimentaire.

Blois, terre de rencontre géologique entre l’argile, le calcaire et l’alluvion. Tireté blanc : failles cachées (ces fractures ne sont pas visibles à l’affleurement ; elles ont été mises en évidence à partir de la comparaison détaillée des forages et par des mesures géophysiques).


Blois et ses deux vallées. Blois et ses deux vallées. ___ surface de la nappe phréatique de Beauce ; pointillés : situation de la nappe. La faille décale relativement deux compartiments. C’est une zone fragile plus facilement érodable ; ces particularités expliquent la localisation de l’Arrou.

La vallée de l’Arrou et la morphologie actuelle du site de Blois résultent de divers évènements géologiques :
- une minime déformation orientée WNW-ESE : l’anticlinal d’Herbault. Corrélées avec la compression pyrénéenne N-S à NNE-SSW à l’éocène, les contraintes ont provoqué des ondulations dans la couverture sédimentaire du bassin de Paris. Près de Blois, le bombement d’axe Herbault-Forêt de Blois en résultant, a fait remonter l’Argile à silex et la Craie blanche du Sénonien.
- une sédimentation carbonatée dans un vaste lac marécageux, le lac de Beauce, à l’Aquitanien, à l’origine d’une roche dure, le calcaire de Beauce et d’un plateau, celui de Petite Beauce. Le relief bombé précédent a constitué une île, l’eau du lac venant mourir sur ses pentes légères. C’est sur cette frontière que Blois se développera.
- deux incisions. L’une, par la Loire, affectant l’anticlinal et le plateau beauceron qui s’étendait alors en Sologne jusqu’à la vallée du Cher. Cette incision semble avoir débuté il y a 1 million d’années environ, au Pléistocène.

L’autre, par l’Arrou « juvénile », affectant la marge « ouest-blaisoise » du plateau beauceron ; cette incision semble s’être produite essentiellement pendant la dernière glaciation.
L’incision par l’Arrou, mineure, semble avoir suivi les zones fragiles liées aux petites failles locales affectant le Calcaire de Beauce aquitanien et les couches sous-jacentes au niveau de Blois. Ces failles insignifiantes, postérieures à la formation du calcaire aquitanien (Miocène inférieur), pourraient résulter des mouvements élevant ou abaissant localement, à diverses reprises, la croûte continentale, mouvements associés à la compression alpine ESE-WNW au Miocène supérieur.
La sculpture du site s’est donc principalement réalisée au Pléistocène, l’installation de la matière première ayant demandé près de 60 millions d’années de préparation, 80 en incluant le temps du dépôt marin de la craie. Cette histoire a fait du « Blois géologique » une ville-frontière.


Le site de Blois vu du Sud. La partie est du bombement anticlinal d’Herbault est identifiable par la forêt de Blois (à gauche). Le val de Loire entaille cet anticlinal dont la terminaison Sud-Est est située en forêt de Russy (à droite). Dans le val, équivalent du lit majeur de la Loire, les hameaux sont situés sur des montilles, restes d’alluvions récentes marquant un niveau d’alluvionnement plus élévé que l’actuel. La ville est principalement installée sur le coteau et le plateau support de la Petite Beauce.

 Balade dans la vallée de l'Arrou, de l'origine à la confluence :


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