Montprofond / Le Coteau

Interêt du site

D’anciennes carrières exposent le Calcaire de Beauce, substratum de la région, notamment celui de la carrière de Montprofond. Les fronts, mis en valeur par la commune, comptent parmi les mieux conservés du Loir-et-Cher. Divers faciès du Calcaire de Beauce aquitanien y sont observables. De plus, les nombreuses cavités et fractures permettent de comprendre comment l’eau circule dans une roche massive et où est située l’eau d’une nappe phréatique dans son aquifère. Les diverses carrières de la commune furent les principaux sites d’extraction de la célèbre pierre de la Chaussée-Saint-Victor, pierre concourant fortement à l’esthétique du patrimoine bâti du village et mise en oeuvre dans de nombreuses constructions de la ville de Blois.

Géodiversité

Les fronts

La carrière a été creusée dans le Calcaire de Beauce d’âge Aquitanien (niveau supérieur de la formation de Beauce) sur le versant nord d’une petite vallée sèche dont l’axe correspond à la rue de Montprofond. L’extraction de matériaux : moellons, pierre de taille, granulats…, a été arrêtée vers 1960.
La partie supérieure du front est composée de petits blocs et de calcaire pulvérulent (le « mani » pour les carriers) ; cet aspect est le résultat de la gélifraction liée aux conditions périglaciaires de la région lors de la dernière glaciation.
Certains faciès sont observables dans les blocs et la partie ouest hors de la clôture.

Montprofond : front principal.

Dans le coteau exploité au cours des siècles, les cheminements mènent vers d’anciens fronts d’extraction et vers les entrées d’anciennes carrières souterraines.
Des traces d’exploitation sont encore bien visibles dans les fronts et les énormes blocs abandonnés dans la pente.
La pierre de la Chaussée-Saint-Victor se retrouve dans de nombreux édifices. Pierre dure, elle constitue les soubassements de divers monuments de la ville de Blois (cathédrale Saint-Louis, églises Saint-Laumer et Saint-Vincent, ailes du château de Blois : Louis XII - François Ier- Gaston d’Orléans, ancien évêché... et aussi églises Saint-Vincent à Cour-sur-Loir, Saint-Christophe et Saint-Lubin à Suèvres…)

Montprofond : front principal.

La roche : karstification et fracturation

Les fronts sont constitués de bancs calcaires dans lesquels plusieurs faciès sont observables (cf. photos ci-dessous). Cette diversité est un des caractères d’une roche sédimentée dans une cuvette lacustre où les conditions hydrologiques et hydrodynamiques ont été fluctuantes au cours du temps.

Calcaire à grain fin, produit d’une précipitation chimique dans l’eau. Le gastéropode fossile a été enveloppé par la boue calcaire en formation, puis sa coquille a été dissoute. La précipitation régulière du carbonate de calcium requiert un plan d’eau permanent. Les fossiles trouvés (escargots, planorbes, limnées, rhinocéros, chevrotain…) dans divers gisements indiquent un milieu lacustre ou palustre environné d’une savane sous climat tropical.

Calcaire conglomératique. Des fragments calcaires de tailles variées sont liés par ciment calcaire. La formation de ce type de calcaire a nécessité un climat à saisons alternées. Une saison humide assure le lessivage des sols ainsi que le transport d’hydrogénocarbonate de calcium dissous et de vases calcaires. Une saison sèche permet l’évaporation de l’eau et la précipitation du carbonate de calcium formant de la matrice ainsi qu’une dessiccation du dépôt (formation des fragments). La répétition de ce rythme saisonnier, tropical, produit des dépôts d’aspect complexe et polyphasés.

Calcaire silicifié (meulière). Ce niveau formait la base de la carrière avant son réaménagement. La silicification aurait une origine climatique. Pendant l’Aquitanien, lors des périodes d’assèchement de certaines parties du lac, l’altération pédologique de niveaux riches en argiles a produit de la silice qui s’est substituée au carbonate de calcium dans les niveaux calcaires.

La roche : karstification et fracturation

D’importantes fractures verticales affectent le front de la carrière de Montprofond. Elles ont pu se former par décompression après la formation la vallée de la Loire par incision du plateau calcaire. Elles peuvent être aussi des fractures secondaires accompagnant la faille.

Calcaire karstifié. Cavités et fissures sont nombreuses ; elles sont empruntées par l’eau météorique ou sont occupées en profondeur, par l’eau de la nappe phréatique. L’eau circulante dissout progressivement le calcaire (carbonate de calcium) qui devient hydrogénocarbonatée de calcium dissous. Une telle eau est souvent improprement appelée eau « calcaire ».

Dépôt de calcite dans un conduit. L’eau circulante très riche en hydrogénocarbonate de calcium fournit la matière des cristaux de calcite (carbonate de calcium cristallisé) qui se forment dans les cavités et les conduits. Cavités et dépôts calcaires caractérisent un karst en profondeur.

Montprofond, fracture. Plusieurs bancs sont affectés. Ces fractures facilitent aussi la circulation verticale de l’eau météorique.

Montprofond, bloc effondré. (front au Nord du gymnase). Certaines fractures sont suffisamment larges pour qu’un bloc de banc fracturé descende. Un colmatage s’est effectué au-dessus.

Disposition géologique Points bleus : situation de l’eau de la nappe phréatique de Beauce dans son aquifère, le calcaire de Beauce, ou de la nappe des alluvions de la Loire. L’ensemble « éocène détritique » et Argile à silex est imperméable. La nappe de Beauce est alimentée par les précipitations

Situation géologique

La faille n’est pas visible sur le terrain. Elle a été mise en évidence par la comparaison des résultats de plusieurs forages et des études géophysiques récentes. Cet accident tectonique a un rejet sub-vertical d’une quarantaine de mètres, ce qui explique l’abrupt du coteau marquant la rive droite du val. Le compartiment nord-ouest surélevé, formant le plateau de Beauce, a une altitude de 100-110 m ; le compartiment sud-est abaissé relativement a une altitude de 80-90 m.