Sites de Montrichard et de Bourré

Interêt du site

Le « Tuffeau » forme les coteaux de cette partie de la vallée du Cher et des petites vallées confluentes. Ses deux aspects sont facilement observables. Le Tuffeau jaune de Touraine (partie supérieure du Turonien) présentent ici des dépôts remarquables liés aux de tempêtes. Le Tuffeau de Bourré (tuffeau blanc, partie moyenne du Turonien), situé dans la moitié inférieure des coteaux, a fourni la célèbre pierre de Bourré, pierre de taille renommée ayant contribué à l’esthétisme de châteaux prestigieux. Les nombreuses habitations troglodytes et les anciennes carrières souterraines aujourd’hui aménagées en caves ou en champignonnières agrémentent les coteaux de la vallée principale et des petites vallées adjacentes.

Géodiversité

Situation géologique. La correspondance avec la photographie aérienne est facile à établir ; sur la photographie, la végétation souligne les affleurements. Le Tuffeau forme le coteau principal et les versants des vallées adjacentes : vallée des Roches Neuves, vallée de Chanvre, vallée de Vallagon. Points du site : 1 : rue Vieille de Blois ; 2 : rue de la Boule Blanche, Pisse-Oison ; 3 : Monmousseau ; 4 : Dames Maries ; 5 : le Rigodon et chemin des Dalgéries ; 6 : Chemin de la Batardière ; 7 : Cave des Roches. AB : situation sur la coupe.

Montrichard, rue vieille de Blois ① : le tuffeau jaune de Touraine

Le tuffeau jaune est un sédiment marin de plate-forme continentale ; la profondeur du dépôt est estimée à 10/20 m. C’est un calcaire détritique caractérisé par son hétérogénéité : alternance de niveaux sableux et de niveaux grossiers avec accumulation de fossiles. Des niveaux sont bioturbés (terriers, fouissages…), d’autres sont des dépôts liés à des tempêtes.>

Tuffeau jaune, rue Vieille de Blois, affleurement sud. L’érosion différentielle entre niveaux grossiers durs et niveaux fins fait ressortir des ondulations et des formes en fuseau. Cette morphologie caractérise des dépôts de tempêtes (= tempestites). Ils sont générés par les courants de retour produits lors d’une tempête sur une plate-forme continentale.

Des témoins de tempêtes. Traits blancs : surfaces concaves d’érosion creusées dans le sédiment par les courants de retour quand l’eau portée vers la côte regagne le large. nb : niveau de tempestites bioturbé (terriers…).

Tempestite (T), détail. ng : niveau grossier très riche en débris (coquilles, squelettes…) mis en place par un courant de haute énergie; nf : niveau plus fin avec lits flexueux mis en place par un courant de basse énergie. Cette séquence correspond ici à une tempestite. Elle se répète dans les tempestites supérieure et inférieure si celles-ci ne sont pas détruites par les vagues ou le courant de la tempête suivante. Les niveaux de ce dépôt de courte durée sont mis en place par les courants de retour d’une tempête qui exporte des matériaux de la côte vers le large jusqu’à 50 à 100 m de mètres de profondeur sur le plateau continental.

Niveau grossier à la base d’une tempestite vu par en-dessous. Débris de squelettes de colonies de Bryozoaires et de coquilles de Bivalves… dans une matrice calcaire. De nombreux grains de glauconie, brunâtres, sont visibles à la loupe. Débris et grains ont été concentrés par un courant de relaxation de haute énergie lié à la tempête.

Rue Vieille de Blois, affleurement nord. A : succession de tempestites. B : détail d’une tempestite. Points blancs : concavité marquant une base de tempestite ; ng : niveau grossier à accumulation de débris de coquilles (Lamellibranches…) et squelettes (Bryozoaires) ; nb : niveau de tempestite bioturbé par l’activité d’animaux fouisseurs (terriers…) ; si : silicification ; sil : silicifications en forme de grappe de raisin (terriers silicifiés).

Les silicifications dégagées du sédiment par érosion sont situées à la partie supérieure d’une unité. Leur formation a pu être initiée à partir d’un terrier ou d’une bioturbation, résultat de l’activité d’animaux installés sur le fond après la tempête.

Silicification à partir d’un terrier qui a perturbé l’équilibre chimique de l’eau interstitielle dans le sédiment.

Silicification d’un terrier ; l’érosion a dégagé le tuffeau périphérique ; des restes de coquilles et de Bryozoaires sont visibles en surface.

Manchon siliceux enveloppant probablement un terrier. Ces terriers sont attribués à des crustacés décapodes.

Silicifications. C : silicification à partir d’un terrier qui a perturbé l’équilibre chimique de l’eau interstitielle dans le sédiment (---- axe du terrier) D : silicification d’un terrier ; l’érosion a dégagé le tuffeau périphérique ; des restes de coquilles et de Bryozoaires sont visibles en surface. E : manchon siliceux enveloppant probablement un terrier. Ces terriers sont attribués à des crustacés décapodes.

Les fossiles ainsi que des grains de glauconie attestent un dépôt marin. Les éléments composant la roche sont liés par une matrice calcaire et siliceuse. La roche, très riche en carbonate de calcium (plus de 70 %) est un calcaire siliceux complexe, biodétritique (accumulation de restes de squelettes et de coquilles) et chimique (précipitation de calcite et de silice à partir de solutions interstitielles sursaturées pendant la diagenèse précoce). Des grains de sable d’origine détritique (quartz…) apportent une hétérogénéité supplémentaire.

Montrichard, caves Monmousseau ③ : le Tuffeau de Bourré (Tuffeau blanc)

Le nord du parking (privé, accessible pendant les heures ouvrables) présente un très beau front de tuffeau blanc (partie moyenne du Turonien). Le calcaire est karstifié; diverses cavités, de couleur jaunâtre, remplies d’argile, silex, blocs calcaires (résidus de dissolution ou provenant de l’argile à silex sus-jacente) sont facilement repérables.
La première salle desservant les caves, anciennes carrières souterraines, est spectaculaire et ouvre sur les galeries d’exploitation. Elle permet aussi d’allier agréablement, en « sous-sol », plaisir de la pierre et plaisir du palais.

Front de tuffeau blanc. Cette roche calcaire, blanche et tendre, peut renfermer des paillettes de mica (d’où son autre appellation : craie micacée). En jaune, cavité karstique. Ce tuffeau correspond à la célèbre pierre de Bourré.

Cavité karstique. Silex, blocs calcaires et argile, colorés par des oxydes de fer, remplissent la cavité. Ce sont des résidus de dissolution sur place ; ils peuvent aussi provenir de l’argile à silex sus-jacente. La bordure de la cavité est tapissée d’une mince couche de calcaire précipité lors des circulations d’eau hydrogénocarbonatée dans le karst.