Interêt du site
Curiosité naturelle, cette cavité, une des rares de la région, correspond à un karst situé dans la Craie du Sénonien. Une rivière souterraine, la rivière d’Orchaise, y coule. De plus, les parois de l’entrée permettent une bonne observation de la roche déposée au Sénonien.
L’entrée de la grotte est la partie visible d’un réseau karstique, vaste système de galeries, conduits, fissures... Ce réseau est situé dans la Craie du Sénonien ; 1175 m de galeries sont connus aujourd’hui. Ce karst comporte deux étages visibles dès l’entrée. Dans la partie inférieure, aujourd’hui fonctionnelle, circule la rivière d’Orchaise, rivière permanente dont l’exsurgence constitue la Fontaine d’Orchaise. La partie supérieure, fossile, présente des petits méandres d’érosion, traces de circulations souterraines anciennes. La succession verticale de ces dernières indique un enfoncement progressif de la rivière. Des blocs de craie éboulés sont coincés dans les fentes reliant les deux parties. De petits conduits karstiques latéraux confluent avec les galeries du réseau principal ; certains sont bien visibles à l’entrée vers 3 m de hauteur. La partie terminale de la rivière souterraine a été aménagée à la fin du XIXeS : barrage-réservoir, conduite, bélier hydraulique destiné à monter l’eau au village, près de 50 m plus haut... Ce bélier a fonctionné jusqu’au début des années 1950.
Grotte et Fontaine d’Orchaise : La Fontaine est une exsurgence. L’eau rejoint la Cisse en contrebas. La craie sénonienne forme les parois rocheuses.
Lors du flambage de la couverture sédimentaire du bassin parisien à l’éocène engendrant l’anticlinal d’Herbault, de nombreuses fractures sont apparues dans la craie sénonienne « rigide », notamment dans l’axe de la déformation. Les eaux d’infiltration ont pu occuper le réseau de fractures, le remplir et commencer à dissoudre le calcaire de la craie. Une première circulation souterraine a peut-être existé.
Plus récemment, il y a quelques milliers d’années, voire quelques centaines de milliers d’années, la Cisse première, venant du Nord-Est, alimentée par la nappe des calcaires de Beauce, a commencé à inciser le bombement. L’érosion a d’abord dégagé l’« éocène détritique », puis la couche d’Argile à silex. En parvenant à la Craie, l’incision a coupé le réseau karstique mouillé existant alors. Drainée par la Cisse, l’eau souterraine, mise en mouvement, est devenue la première Rivière d’Orchaise. Son chenal est conservé dans la voûte du karst. La poursuite de l’incision a abaissé le niveau de la confluence Cisse - Rivière d’Orchaise, niveau de base de l’écoulement souterrain. La dissolution restant très active, un nouveau chenal s’est formé à une cote inférieure à celle du précédent… qui, abandonné, est devenu fossile. La succession des chenaux fossiles et des étages du système s’explique par l’approfondissement progressif de la vallée de la Cisse. Le chenal actuel fonctionnel étant à près de 2 m au-dessus du niveau de la Cisse, le prochain chenal ou le prochain système est en devenir. Affaire à suivre pendant plusieurs centaines ou milliers d’années !
La Cisse a incisé l’anticlinal perpendiculairement à son axe. Au niveau d’Orchaise, l’entaille est un méandre étroit et encaissé, le seul de la vallée. Sa,forme a été conservée au cours de l’approfondissement de la vallée. Le cours de la Cisse a été surimposé à la structure. Cette particularité peut s’expliquer, comme pour l’étagement des terrasses alluviales, par le lent soulèvement tectonique du Bassin parisien lié à de la collision de la plaque Afrique avec la plaque Eurasie. Ainsi l’incision et le soulèvement relatifs, conséquences d’évènements éloignés, ont engendré la grotte d’Orchaise et aussi ciselé le beau paysage du coteau et du méandre d’Orchaise...